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01/10/2024  |  Sport et Loisirs

Redonner du souffle aux « 30 minutes d’activité physique quotidienne »

En 2022, le Président de la République avait annoncé la généralisation des 30 minutes d’activités physique quotidienne (APQ) à l’ensemble des écoles primaires. Deux ans plus tard, le constat réalisé sur le terrain par les rapporteurs de la Commission de la culture, de l’éducation, de la communication et du sport du Sénat met en évidence un manque de coordination entre les différents acteurs, un déploiement partiel et des interrogations sur les objectifs à atteindre.

Le dispositif des 30 minutes d'activité physique quotidienne (APQ) est un programme de santé publique destiné à encourager les élèves français à pratiquer régulièrement une activité physique, dans le but d'atteindre les 60 minutes recommandées par l'OMS. Il s'intègre facilement à la journée scolaire, sans nécessiter de tenue spécifique, en utilisant les infrastructures existantes. Plus de 10 000 écoles avaient déjà adhéré au programme en 2022, avec un soutien logistique et matériel pour favoriser sa mise en œuvre.

Mais la généralisation du dispositif a été laborieuse avec des retards dans la diffusion des instructions et des kits sportifs – indispensables pour la mise en place des 30 minutes d’APQ - aux établissements scolaires. A titre d’exemple, fin mai 2024, seules 62 % des écoles ont été livrées dans l’Essonne.

DEUX ANS APRÈS LA GÉNÉRALISATION DU DISPOSITIF : QUEL BILAN EN TIRER ?

« 90 % des enfants de primaire réalisant les 30 minutes d’activité physique par jour » ?

Le Président de la République a salué la réussite de la généralisation du dispositif, évoquant plus de 90 % des élèves du primaire effectuant une demi-heure de sport par jour. Or, la commission sénatoriale rapporte l’analyse par les rapporteurs dequ’une l’enquête de la DGESCO publiée en janvier 2024 présente des résultats beaucoup plus contrastés e. n raison à la fois d’un taux de participation faible à cette enquête et d’une mise en œuvre partielle du dispositif dans de nombreuses écoles. Ainsi, seuls 60,7% des directeurs d’écoles ont répondu à cette enquête. Par ailleurs, sur les écoles indiquant mettre en œuvre cette mesure, 22 % indiquent qu’elle concerne moins de la moitié des classes de l’écoleAinsi, seuls 60,7% des directeurs d’écoles ont répondu à cette enquête.

Un kit sportif par école ?

Le kit sportif, élément clé de la communication ministérielle, devait être distribué à toutes les écoles volontaires avant fin 2023, puis reporté à fin 2024 à cause de retards. Cependant, des problèmes de transport et un manque de kits ont empêché le respect de ce nouveau délai partout.

Quel bilan pour les élèves ?

Malgré un dispositif existant depuis plusieurs années (4 ans pour les premières écoles volontaires), il n’existe à ce jour aucune étude de santé publique sur les effets des 30 minutes d’APQ sur la lutte contre la sédentarité.

Le principal effet constaté par les enseignants rencontrés est une amélioration des conditions d’apprentissage. Les pauses actives organisées en classe entre deux séquences permettent aux élèves de se reconcentrer et se remettre dans des conditions propices d’apprentissage. D’autres mettent en avant un apaisement du climat scolaire et de meilleures interactions entre les élèves.

LEVER LES FREINS POUR FAIRE VIVRE LE DISPOSITIF AU-DELÀ DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES

L'enquête de la DGESCO a révélé trois obstacles principaux à la mise en œuvre des 30 minutes d'activité physique quotidienne (APQ) : le manque de temps, d'espace et de formation. L'aménagement des cours d'école est crucial pour encourager l'activité physique, mais les communes, pourtant responsables de ces espaces et du temps périscolaire, n'ont pas été suffisamment impliquées. Pour pérenniser ce dispositif, il doit être intégré aux pratiques pédagogiques. Cependant, l'école ne peut pas tout faire seule, et la participation des parents est essentielle pour atteindre l'objectif des 60 minutes d'activité quotidienne recommandé par l'OMS.

La commission Sénatoriale formule enfin six recommandations pour redonner du souffle au programme : 

  • En lien avec les agences régionales de santé, mesurer l’impact du dispositif en matière de lutte contre la sédentarité sur une cohorte d’élèves.
  • Afin de rappeler l’objectif premier de santé publique de ce dispositif, le renommer : « PABE » pour « pauses actives et de bien-être ».
  • Recourir à un marquage dynamique dans les cours d’école permettant une diversité d’activités physiques et de jeux actifs afin d’inciter les enfants à se dépenser.
  • Associer les intervenants du temps périscolaire à la mise en œuvre d’activité physique quotidienne (APQ) et élaborer conjointement périodiquement de nouvelles activités ludiques que les enfants pourront mettre en œuvre pendant les temps de récréation ou périscolaires.
  • Afin d’ancrer le dispositif au-delà des Jeux olympiques et paralympiques : inclure dans les formations portant sur les savoirs fondamentaux des exemples « d’apprentissages dynamiques » en lien avec l’APQ ; former en trois ans au moins un enseignant par école spécifiquement sur l’AP ; mettre davantage en avant les bonnes pratiques d’enseignants sur les sites de ressources pédagogiques du ministère de l’éducation nationale
  • Afin de lutter contre la sédentarité des jeunes, rappeler aux parents en début d’année les objectifs de dépense physique fixés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les associer systématiquement à la réalisation de cet objectif, par exemple à travers des défis à réaliser en dehors du temps scolaire.

Par Louison Perard

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